Le jeûne consiste à arrêter de manger pendant quelques jours. Si la pratique du jeûne est ancienne, elle trouve actuellement un regain d’intérêt auprès d’un public de plus en plus large.
En détoxifiant l’organisme, le jeûne préviendrait nombre de maux parmi lesquels le surpoids, la fatigue chronique, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension, les allergies… Mais sa pratique nécessite de prendre quelques précautions.
Tous les jeûnes ne se ressemblent pas
Le jeûne peut être réalisé à visée détoxinante et revitalisante, à visée préventive chez des sujets sains, ou encore à visée thérapeutique, souvent dans un contexte de maladie chronique.
Le jeûne hydrique est le plus courant : il consiste à s’abstenir de toute alimentation solide. Un jeûne hydrique de 1 à 3 jours est pratiquement à la portée de tous, les jeûnes plus longs peuvent être éprouvants et doivent être suivis médicalement. Le jeûne sec, quant à lui, impose l’arrêt de toute alimentation, solide comme liquide ; en aucun cas il ne peut durer plus de 3 jours.
Plus récemment des versions de jeûne partiel ou jeûne modifié ont vu le jour ; ils intègrent des jus de légumes ou d’herbe de blé ou d’orge ou encore du bouillon, des jus de fruits, des tisanes, etc.
Sur le plan physiologique, le jeûne permet d’éliminer les toxines en profondeur l’organisme. Ce nettoyage a une action préventive et curative sur de nombreuses maladies en lien avec un état de surcharge de l’organisme. Toutes les situations de surcharges ont une incidence plus ou moins directe sur le potentiel de toutes les fonctions cellulaires et métaboliques ; à long terme, elles creusent le lit des véritables maladies.
Dans cette vidéo Bernard Clavière, vous explique en quoi consiste le jeûne :
Comment jeûner ?
On parle de jeûne au bout de 1 à 2 jours sans alimentation. Les jeûnes courts (24 à 48 heures) entraînent un repos organique. Les jeûnes d’une semaine et plus ont de surcroît un effet pondéral. Ce genre de cure se pratique sous surveillance.
La fréquence et la durée du jeûne s’envisagent individuellement en fonction de l’âge, du poids, de la vitalité de la personne, de son état de santé, physique comme psychologique, etc. De manière générale, mieux vaut privilégier la régularité que la durée : un jour par mois, 3 jours par saison par exemple.
Avant une période de jeûne, il est important de se préparer. La préparation du corps passe par une réduction progressive de l’alimentation en supprimant un à un chaque type d’aliment : les produits d’origine animale, en premier, ensuite les excitants (café, alcool, sucre, sel, cacao…), les graisses et huiles crues et les oléagineux, les céréales cuites, et enfin les fruits. De même, la sortie de jeûne se fait graduellement, avec une reprise progressive d’une alimentation saine.
On observe pendant le jeûne une perte de poids rapide, mais bien souvent, les kilos perdus pendant la période de jeûne sont repris rapidement. Jeûner peut toutefois aider à établir une autre relation à la nourriture, grâce notamment à une attention accrue aux saveurs, ce qui s’avère utile dans une démarche de perte de poids.
Le jeûne libère des toxines
Le jeûne libère l’organisme de nombreuses toxines et permet à l’appareil digestif et à tous les organes de se reposer. Le journal de la Canadian Medical Association (CMAJ), souligne qu’un « jeûne intermittent peut être bénéfique s’il ne sert pas à compenser les excès des autres jours » (lire l’article sur Nutrition.fr). Pour L’équipe de Mark Mattson, chercheur au National Institute of Aging du NIH, le jeûne pourrait donc réduire le stress oxydatif subi par l’organisme (1). Selon un article paru en 2012 dans le journal The Guardian, des scientifiques américains émettent l’hypothèse que se priver de nourriture un ou deux jours par semaine pourrait limiter les effets des maladies d’Alzheimer et de Parkinson. Des explications en vidéo :
Enfin, d’après une récente étude de l’Inserm, la privation de nourriture augmenterait l’efficacité de la chimiothérapie chez les souris atteintes de tumeurs malignes. La conclusion donne évidemment de l’espoir aux malades atteints de cancer : la réduction d’apports alimentaires pourrait accroître l’efficacité de la chimiothérapie.
Contre-indications et conseils
Toutefois, pour le Dr Bruno Raynard, responsable du département de diététique et nutrition à l’institut Gustave-Roussy, «rien ne prouve l’efficacité du jeûne sur l’homme, car aucune étude allant dans ce sens n’a été publiée ». La prudence s’impose donc, pour l’heure, les études s’intéressant au jeûne en tant que pratique thérapeutique étant encore trop peu nombreuses.
Les maladies affectant les organes d’élimination très sollicités par le jeûne, comme le foie et les reins, sont des contre-indications au jeûne. Tout comme le diabète insulino-dépendant, la tuberculose, la faiblesse et l’arythmie cardiaques, l’anorexie, la boulimie, la grossesse, l’allaitement… Il existe aussi des contre-indications relatives comme un poids très faible, une tension artérielle basse, le 3e et 4e âge, la convalescence…
Mieux vaut consulter un spécialiste avant d’entreprendre un jeûne et prévoir une supervision médicale en cas de jeûne prolongé (plus d’une semaine). Il peut être également utile de lire l’ouvrage de Bernard Clavière, Et si on s’arrêtait un peu de manger… de temps en temps, qui livre de précieux conseils.
Enfin, pour ceux qui ne souhaitent pas se lancer tout seuls, le site Croisade pour la Santé recense tous les lieux où le jeûne est encadré par des professionnels en France.
Et souvenez-vous que chacun est unique : ce qui fonctionne pour les autres ne marchera pas forcément pour vous !
(1) (1) Collier R. Intermittent fasting: the science of going without. CMAJ. 2013 Jun 11;185(9):E363-4. doi: 10.1503/cmaj.109-4451. Epub 2013 Apr 8